OTAGES NIGER : que nous apporte la photo des otages ? (Lu sur 20 Minutes)
La photo des otages au Niger diffusée par la chaîne Al-Jazira le 30 septembre 2010 -AL-ANDALUS / TV GRAB / AFP
DECRYPTAGE - Un enregistrement sonore, des images. Mais finalement peu d’informations de la part des ravisseurs... Les otages assis par terre ou à genoux. Les ravisseurs derrière, debout, armés. Jeudi, un signe de vie des employés d’Areva et de Vinci enlevés au Niger a été publié sur Internet. « C’est assez classique comme vidéo pour Aqmi », prévient Yves Trotignon, spécialiste en terrorisme au sein du cabinet Risk & co. contacté par 20minutes.fr. « La femme a le visage flouté, comme dans le cas des otages autrichiens d’Aqmi en 2008 », poursuit l’expert.
Pourtant, l’enregistrement apporte quelques maigres informations. Décryptage. Ce qu’on apprend
1 - Les otages sont en vie
Ou en tout cas l’étaient au moment où la photo a été prise, contrairement à certaines rumeurs qui ont circulé sur Internet, faisant état d’un mort parmi les Français. C’est « une preuve de vie qui nous faisait défaut. Pour les familles, c’est très important », a ainsi déclaré Bernard Kouchner.
2- Les ravisseurs sont prêts à dialoguer
« La publication de l’enregistrement enclenche un processus de négociations », explique Jean-Charles Brisard, spécialiste en terrorisme, joint par 20minutes.fr. Pourtant, ils ne diffusent toujours aucune revendication. 3- Quelques éléments sur les ravisseurs
« On dispose de quelques éléments d’ambiance : par exemple qu’un des terroristes parle très bien français », note Yves Trotignon.
Par ailleurs, « un seul visage est découvert, et il a une similitude de traits avec Abou Zeid, note Jean-Charles Brisard. » Mais difficile de savoir s’il s’agit bien du leader du groupe au Sahel. Pierre Camatte, lui-même ex-otage d’Aqmi semble aussi l’avoir reconnu.
Ce qu’on ignore toujours
1- Là où ils sont
Si dans certains cas, en Afghanistan ou au Pakistan, des géographes ont pu aider les enquêteurs, grâce aux images, aux fleuves, et leur permettre de localiser très précisément l’endroit du tournage, dans le Sahel, c’est très compliqué. « Le montage ne montre que des plans fixes, ne dévoile pas beaucoup d’informations », renchérit Yves Trotignon.
Impossible également de savoir s’ils sont tous ensemble. « Ils ont pu être réunis pour la photo et séparés à nouveau ensuite », souligne Yves Trotignon.
2- La date de tournage
Son et images ne datent pas forcément du même moment. Le son (où on entend seulement quatre des cinq otages français) serait daté du 28 septembre, soit douze jours après l’enlèvement, selon Mohammed Sifaoui, spécialiste d’Aqmi, interrogé sur France Info.
Rien n’est moins sûr pour la photo. « On peut supposer que la photo a été prise avant le 28, estime Jean-Charles Brisard. Dans l’attitude des otages, on voit qu’ils n’ont pas encore souffert du désert et de la chaleur. Je pense qu’elle a été prise peu de temps après l’enlèvement. Ils sont propres sur eux, frais. Leurs vêtements sont propres. »
Oriane Raffin