REVUE DE PRESSE OTAGES : A la Une (SUR RFI) : la guerre contre le terrorisme
Par Frédéric Couteau
Guerre : le mot revient ce lundi matin à la Une de nombreux journaux et dans quasiment tous les commentaires... « Otages tués au Niger : la guerre à la France », s’exclame Libération. En arrière-plan, un grand cadre noir et la photo des deux jeunes gens, amis d’enfance. « Terrorisme : la France en première ligne », constate Le Figaro, avec là aussi, cette photo de l’un des deux jeunes gens avec sa fiancée nigérienne. « La France prise pour cible au Sahel », renchérit La Croix.
« Le Sahel, nouvel Afghanistan des terroristes », affirme La Nouvelle République. « Meurtre des otages : la France fait bloc », constate pour sa part Sud-Ouest. « Front uni contre la barbarie », affirment également Les Dernières Nouvelles d’Alsace. Il est vrai que la fermeté de Nicolas Sarkozy a reçu le soutien quasi-unanime de la classe politique. « Céder aux exigences des kidnappeurs et des assassins n’est évidemment pas une solution, affirme Le Figaro. Chacun le comprend. Il faut se féliciter, poursuit-il, qu’en dépit de son échec, l’intervention militaire pour tenter de sauver les otages sauvagement abattus bénéficie d’une très large approbation. (...) Toute action militaire a sa part d’inconnu qui doit être assumée, même si chacun partage le drame des familles endeuillées. »
« Ce dimanche, de droite à gauche, tout le monde en convenait, constate La Croix : l’ennemi, mélange explosif de fondamentalisme islamique et de banditisme, doit être vaincu et si possible vite. Il s’agit clairement d’une guerre livrée dans de nombreuses parties du monde à des bandes armées. »
En effet, renchérit Sud-Ouest, « le doute n’est plus permis : la France est désormais engagée, cette fois à son corps défendant, sur un autre terrain de bataille que l’Afghanistan, à savoir le Sahel. L’opération commando, en pleine capitale du Niger, (...) puis les affrontements armés avec les militaires français qui ont abouti à la mort des deux jeunes gens, constituent une véritable déclaration de guerre. »
La fermeté, seule solution
Et pour la plupart des commentateurs, il n’y avait pas d’autre choix que d’intervenir vite et fort... Libération le reconnaît : « face à des ennemis décidés au pire et qui présentent des revendications nébuleuses ou irréalistes, la voie de la discussion est hasardeuse et parfois tout à fait vaine. »
Pour Les Dernières Nouvelles d’Alsace, « il fallait absolument arrêter l’audace des agresseurs qui comptent sur le prix de l’existence pour monnayer la libération de leurs proies. (...) Il n’y a donc pas lieu de polémiquer sur le thème : était-il prudent de prendre en chasse les fuyards ? (...) La position française est la seule raisonnable, affirme le quotidien alsacien, même si l’épilogue a été le même que celui qui avait conduit à l’élimination d’un autre otage, Michel Germaneau, au Sahel, il y a quelques semaines. »
La Presse de la Manche ne mâche pas ses mots : « la destruction systématique de ces bandes, dont les membres sont pour la plupart les anciens égorgeurs qui ont sévi il y a quelques années en Algérie, est une mesure de salubrité publique. Continuer d’être faible, face à de tels personnages, c’est les inviter à se montrer toujours plus odieux, s’exclame le quotidien normand. Ce terrorisme-là, qui est l’un des plus aveugles et des plus bornés à travers le monde, n’est décidément pas fréquentable. Il n’y a pas d’autre solution pour leur indiquer qu’ils font fausse route que de les inviter à se mettre à l’abri, au calme, ou de les éliminer. »
Ne pas tomber dans le piège d’Aqmi
Attention toutefois, prévient La Charente Libre, le recours à la force est certes « indispensable », reconnaît-il, mais il « plonge cependant un peu plus la France dans le piège sahélien tendu par Al Qaida. »
En effet, pour Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences-Po, spécialiste de l’islam contemporain, interrogé par Libération, « à terme, Al Qaida mise, au Sahara comme ailleurs, sur une intervention directe de ’l’ennemi lointain’ (français) sur le territoire de ’l’ennemi proche ’ (sahélien), ainsi déstabilisé. » Les membres d’Aqmi, poursuit Jean-Pierre Filiu, veulent « impliquer davantage notre pays pour transformer leur brigandage djihadiste en une lutte contre une ’invasion’ occidentale. »
C’est pourquoi, préconise La Montagne, « une remise à plat de la stratégie, des coopérations, des moyens s’impose de toute évidence dans cet espace (sahélien) qui se gargarise de sa Francophonie. »
Et on revient au Figaro pour qui « l’on ne combattra vraiment le terrorisme au Sahel sans prendre aussi des mesures préventives. Prise pour cible, la France peut s’appuyer sur ses alliés dans la région, préconise le journal, les former et les aider à mener eux-mêmes une lutte qu’ils sont mieux à même de livrer puisqu’il s’agit en fin de compte de leur propre sécurité. (...) Consolider ces Etats et leur apporter les moyens de leur sécurité devrait être une priorité régionale et internationale. Sans cela, prévient Le Figaro, les ONG qui participent à leur développement seront bientôt forcées d’abandonner le terrain et le terrorisme islamiste aura gagné la partie. »