OTAGES NIGER : L’intervention française au Niger justifiée ? "Tout se joue dans les premières 24h"
Les deux otages ont été abattus par les terroristes lors de l’assaut. Un assaut assumé par Alain Juppé, ministre de la Défense.
Vendredi soir, deux hommes armés font irruption dans un restaurant de Niamey, capitale du Niger, et enlèvent deux Français, qui dînaient dans cet établissement fréquenté par les expatriés. Deux Français, originaires du Nord de la France. L’un d’eux allait se marier avec une Nigérienne.
Rapidement, les ravisseurs se dirigent vers le Mali voisin. Une procédure similaire à l’enlèvement des ingénieurs d’Areva, en septembre dernier. Il s’agit sans doute d’un groupe armé qui avait enlevé les Français pour les "revendre" à Al-Qaida au Maghreb Islamique. "AQMI est prêt à payer un bon prix la capture de Français" explique à Libération le spécialiste d’Al Qaida, Jean-Pierre Filliu. D’après lui, AQMI, notamment un de ses chefs, Abou Zeïd, très anti-français, avait fait passer des messages comme quoi elle était preneuse d’otages à un bon prix.
Les forces nigériennes parviennent à retrouver la trace des ravisseurs, juste avant la frontière malienne. Elles tentent une première intervention, qui échoue. La France apporte alors son concours, et grâce à un avion, repère à nouveau les ravisseurs, et envoie ses commandos prêter main forte aux militaires nigériens. L’attaque, cette fois-ci, est mieux menée, mais les ravisseurs se débarrassent rapidement des otages pour ne pas entraver leur fuite.
"Les deux Français ont été assassinés juste au moment de l’arrivée de l’armée française, l’un, sans doute immédiatement, l’autre en tentant de s’enfuir. Je tiens ces informations des parents des victimes", explique le député de Linselles, Christian Vanneste (UMP) sur RMC. Ce n’est pas la version du Quai d’Orsay qui estime que les Français ont été tués avant l’assaut.
Officiellement, la France n’a fait qu’aider les Nigériens. Le fait que des soldats français soient blessés laisse entendre qu’ils ont fait plus que superviser l’assaut...
Cela fait deux fois que les Français mènent une opération militaire pour délivrer un otage. En juillet dernier, ce raid avait été fatal à Michel Germaneau, l’humanitaire français très âgé. Mais l’attaque intervenait suite à un ultimatum d’AQMI, qui mettait le gouvernement français dos au mur. Cette fois-ci, la France a voulu intervenir au plus vite, avant que les ravisseurs se perdent dans le désert malien. Plus le temps passe, moins on a de chances de les retrouver. "Tout se joue dans les premières 24h" explique Mathieu Guidère, spécialiste d’Al-Qaida au Figaro. D’après lui, 7 djihadistes ayant été tués lors de l’assaut pour délivrer Michel Germaneau, 7 Français devaient être enlevés en représailles : les 5 d’Areva, et les 2 du restaurant.
"Le restaurant Le Toulousain était bondé de Français, explique Mathieu Guidère au Figaro. Ils auraient pu s’emparer de davantage d’otages, mais ils n’en voulaient que deux. Et ils les ont soigneusement choisis. Chacun savait à Niamey qu’Antoine de Lécour s’apprêtait à épouser une Nigérienne. Et rien n’est plus intolérable pour ces islamistes qu’un mariage mixte."
"La grande leçon de cette affaire c’est que nous sommes en guerre contre 300-400 personnes" conclut le spécialiste défense de Marianne, Jean-Dominique Merchet, sur RMC.
L’auteur : La rédaction du Post
Sources : Libération (article payant), RMC, Le Figaro