Intervention de Monsieur Hervé FERON (Député de Meurthe et Moselle - Maire de Tomblaine) dans l’hémicycle lors de la Commission Paritaire Mixte sur l’action extérieure de l’Etat
M. Hervé Féron. Monsieur le ministre, vous avez défendu l’article 13 corps et âme, plus par posture partisane que pour une autre raison. À aucun moment, nous ne vous avons mis en cause personnellement, et nous n’avons pas plus mis vos intentions en doute ; nous continuons cependant de dire que ce texte est dangereux en raison de ce qu’il dit et de ce qu’il ne dit pas.
À plusieurs reprises vous avez fait référence à votre passé dans l’humanitaire, ce qui était hors de propos puisque nous n’avions jamais mis ce point en cause. En revanche, vous nous avez dit avoir écouté les syndicats de journalistes et le monde humanitaire. Je voudrais, en conséquence, rappeler quelques propos inquiétants ainsi que le témoignage de ceux que vous dites avoir entendus.
Alors que le chef d’état-major des armées, le général Jean-Louis Georgelin, avait dénoncé le coût des recherches entamées pour retrouver les deux journalistes de France 3, aujourd’hui otages en Afghanistan depuis plus de six mois, Claude Guéant, secrétaire général de l’Élysée, déclarait « qu’ils n’avaient rien à faire là ».
Dominique Pradalié, du syndicat national des journalistes, a déclaré dans les Inrockuptibles : « Ce texte est tout bonnement scandaleux pour la profession. Si on n’écarte pas clairement les journalistes de ce projet, plus aucune rédaction ne va vouloir envoyer des reporters sur les zones de conflits. C’est une vraie menace pour la liberté d’expression et d’information »
M. François Rochebloine. C’est vrai !
M. Hervé Féron. Philipe Ribeiro, directeur général de Médecins sans frontières, dénonce quant à lui, dans Libération, « la catégorisation des victimes, légitimes et illégitimes ».
Autre témoignage intéressant relayé par TV5 Monde, celui de maître Francis Chouraqui, l’avocat des otages du Liban, président de l’association Otages du monde, qui trouve l’idée « ridicule ». Pour lui, « le vrai problème, ce sont les ravisseurs, pas les otages. On ferait mieux de traduire devant une juridiction internationale les responsables des enlèvements, qui sont des groupes mafieux ou politiques ».
Même Éric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, trouve que ce projet de loi est « circonstanciel car il traduit la détérioration des finances publiques ».
Monsieur le ministre, sur ce sujet vous pouvez constater que vous faites l’unanimité. Le problème, c’est que c’est contre l’article 13.
Vous l’avez compris, nous ne sommes pas enthousiastes. Vous avez affirmé que cette réforme n’avait rien d’idéologique ; peut-être ! Triste époque tout de même que celle où en matière d’action culturelle extérieure, un ministre, certes volontaire, ne peut que cacher la misère parce qu’il est privé de moyens et de la volonté politique pour réussir une réforme dont il avait peut-être lui-même rêvé. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
M. le président. Monsieur Féron, je ne peux pas vous laisser mettre en doute la présidence : les minutes sont les mêmes pour tout le monde.