OTAGES YEMEN : Les trois ex-otages français du Yémen sont arrivés en France
Un avion transportant les trois humanitaires français détenus en otages au Yémen pendant plus de cinq mois, et dont la libération a été annoncée dimanche 13 novembre 2011, s’est posé ce lundi 14 novembre au soir sur l’aéroport militaire de Villacoublay, près de Paris. Ils ont été accueillis au pied de l’avion par le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, selon le Quai d’Orsay.
Avant leur arrivée à Paris ce lundi 14 novembre vers 20h30, l’un des trois otages Pierre Perrault, avait déclaré « Nous sommes très heureux d’être enfin libres et de pouvoir retourner dans nos familles ». Cétait à Mascate, capitale d’Oman où il avait été transféré après sa libération et celle de ses deux compagnes d’infortune Léa Romary et Amélie Morgaut. Les trois humanitaires semblaient en bonne santé, selon des journalistes qui les ont vus à Mascate avant qu’ils ne prennent l’avion pour Paris.
« C’est juste de la surprise, j’ai du mal à y croire, j’ai besoin de voir pour réaliser », a déclaré à RFI Alexandre Morgaut, le frère d’Amélie Morgaut, qui devait se rendre à Paris pour accueillir sa sur.
Les ex-otages, âgés de 25 à 32 ans, travaillaient au Yémen pour l’ONG française Triangle Génération Humanitaire lorsqu’ils ont été enlevés le 28 mai dernier. Engagés dans un programme de développement agricole, ils ont été capturés à Seyoun, à 600 kilomètres de la capitale Sanaa. Membres de tribus ou d’éléments liés à al-Qaïda, l’incertitude demeure toujours sur l’identité des preneurs d’otages.
Selon un dignitaire tribal interrogé par l’AFP et qui aurait contribué à la libération des trois Français, le processus de libération a commencé le 8 novembre, lorsqu’une première femme a été emmenée par la route de la province de Chabwa, où al-Qaïda est fortement implantée, vers la frontière omanaise. Les deux autres les auraient rejoint plus tard. Durant leur cinq mois de captivité, les otages auraient changé plusieurs fois de cachette.
Pas de rançon versée, selon les autorités françaises
Leur libération s’est faite grâce à une médiation tribale mais aussi grâce au sultan d’Oman, que le président français Nicolas Sarkozy a « chaleureusement » remercié. « La contribution d’Oman, comme médiateur, passeur de message, a été tout à fait significative », a confirmé à RFI Bernard Valéro, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.
Des sources tribales avaient indiqué fin juillet que les trois otages étaient aux mains d’éléments d’al-Qaïda qui demandaient une rançon de 12 millions de dollars. Une rançon aurait d’ailleurs été versée, toujours selon une source tribale citée par l’AFP. Mais Bernard Valéro a opposé un démenti : « La position de la France de manière générale est très claire, elle est bien connue. La France ne verse jamais de rançon dans ce type de situation ».
Durant la captivité des trois humanitaires, peu d’informations ont filtré. Une première preuve de vie est arrivée au mois de septembre, 102 jours après l’enlèvement. Une vidéo diffusée sur internet montrait les trois humanitaires lisant un texte face caméra, reprochant aux autorités françaises de les avoir « délaissés ».
Peu d’information aux familles
Du côté des familles, peu d’informations également. « On avait des réunions de temps en temps, avec les informations que les autorités pouvaient nous donner », a expliqué Alexandre Morgaut, qui a vécu la captivité de sa sur « en essayant de rester optimiste ».
A l’ONG Triangle, la libération des trois humanitaires a également été une surprise.
« On n’imaginait pas un dénouement aussi rapide », a déclaré à RFI le co-directeur de l’organisation Christian Lombard. Après la disparition de ses trois employés, l’ONG avait suspendu ses programmes au Yémen, le pays étant en proie à une vague de violences liées à un mouvement de contestation contre le régime et à un regain d’activité d’al-Qaïda dans le sud.
Le Yémen est le théâtre de fréquents enlèvements d’étrangers par des tribus. Plus de 200 personnes ont été enlevées ces quinze dernières années. Mais la grande majorité ont été libérées sains et saufs.