OTAGES AFGHANISTAN : Des nouvelles de Stéphane et Hervé, otages en Afghanistan (Télérama)
Hier soir, en ouverture du “19/20”, Paul Nahon, responsable des magazines d’info de France Télévisions, a révélé l’existence d’une vidéo des otages tournée il y a trois semaines. Fidèle à la discrétion affichée par l’ensemble de la presse française, le film n’a pas été montré. Mais les journalistes de “Pièces à conviction” semblent en bonne santé.
Hervé et Stéphane (1), nos deux confrères du magazine Pièces à conviction de France 3 ont été enlevés il y a 48 jours en Afghanistan, dans une zone sous contrôle sécuritaire des troupes françaises. Dans une vidéo, à laquelle ont eu accès hier de nombreuses chaînes, les deux journalistes expliquent qu’ils sont bien traités et en bonne santé. Mais trouvent le temps très long. Ils en appellent au président de la République pour faire activer leur libération.
Hier soir, Paul Nahon, le directeur des magazines d’information de France Télévisions, est intervenu en début du 19/20 de France 3 pour expliquer que ces images dataient d’il y a trois semaines et que d’autres preuves de vie avaient été fournies depuis cette date. Paul Nahon, comme l’avait fait un peu plus tôt dans l’après-midi un communiqué du Quai d’Orsay, a rappelé que « tous les services de l’Etat étaient mobilisés depuis le 30 décembre » pour obtenir la libération des deux otages et de leurs trois accompagnateurs. « Un contact a été établi par les autorités françaises avec les ravisseurs. Le fil de la négociation est fragile, mais les choses avancent. »
A notre connaissance, seule la chaîne d’information LCI a, en France, diffusé hier quelques images soigneusement encadrées de cette vidéo. Elle a assez rapidement cessé de le faire à la demande de la direction de France Télévisions, pour ne plus montrer, à l’antenne comme sur son site, qu’une image arrêtée et floutée. C’est le parti pris qu’avait également choisi France 3 hier soir. Dans son intervention, Paul Nahon a rappelé que, dans cette affaire, « l a chaîne [avait] choisi la discrétion comme l’ensemble de la presse. Nous estimons que la discrétion est la condition sine qua non pour une libération très rapide de nos deux confrères », a-t-il conclu.
Cette omerta revendiquée avait été décidée dès le début de la prise d’otages lors d’une réunion à l’Elysée en présence du nouveau chef d’état-major des armées françaises, l’amiral Edouard Guillaud. Respectée par la totalité des médias français, elle avait été mise à mal par le propre secrétaire général de l’Elysée. Mi-janvier, Claude Guéant avait en effet déclaré que cet enlèvement avait suscité la colère du président de la République qui avait dénoncé « l’imprudence vraiment coupable » des deux journalistes. « Ils font courir des risques aussi à beaucoup de nos forces armées, qui, du reste, sont détournées de leurs missions principales. Je crois que, quand même, le scoop ne doit pas être recherché à tout prix. »
Une intervention pour le moins étonnante et irrespectueuse pour les familles des otages. Exiger la discrétion absolue des médias et se permettre de stigmatiser deux journalistes aguerris qui ne font que leur travail sur le terrain relève d’une bonne dose de cynisme et d’une drôle de conception de l’information. A moins que Nicolas Sarkozy, qui ne peut plus supporter les dirigeants de France Télévisions, n’ait pu s’empêcher d’instrumentaliser cette prise d’otages pour affaiblir un peu plus la direction des chaînes publiques sans lui laisser la possibilité de répondre ?
. Olivier Milot
(1) Le nom des deux otages faisait jusqu’à présent l’objet d’un anonymat complet. Paul Nahon, hier soir, a décidé de leur redonner leur prénom.
TELERAMA 16 février 2010 L’émission du jour
L’actualité des médias
Questions médias : réflexion sur les otages journalistes
LE FIL TéLéVISION - 49 jours que deux journalistes de France 3 et leurs trois accompagnateurs ont été enlevés en Afghanistan. Comment parler de ce genre d’affaire ? Quel est le rôle des médias et celui du gouvernement ? Cette semaine, dans l’émission sur l’actualité des médias, Richard Sénéjoux, en compagnie d’Amaury de Rochegonde, chef du service médias de “Stratégies”, et d’Emmanuelle Anizon, grand reporter à “Télérama”, lance le débat.