CONFERENCE - Quimperlé (29) Lycée Kerneuzec : Otages et terroristes à l’image
Yves Trotignon, ancien de la DGSE, est intervenu au lycée de Kerneuzec sur les questions de terrorisme, aux côtés de Martine Gauffeny et Jean-Louis Normandin, vice-présidente et président de l’association Otages du monde.
Le festival Passeurs de lumière avait posé son cartable au lycée de Kerneuzec, hier après-midi. Une rencontre très pointue pour faire entendre aux élèves de terminale quelques notions permettant de mieux comprendre l’actualité d’aujourd’hui et ce qu’il y a derrière les images. Qu’est-ce qu’un otage ? Quel terrorisme dans la bande sahélienne ? Jean-Louis Normandin, qui fut otage au Liban, Martine Gauffeny, vice-présidente de Otages du monde et Yves Trotignon, spécialiste du renseignement en Afrique, ont tracé quelques pistes pour les lycéens qui étudient ce continent, au programme du Bac. « Pour un otage politique il n’y a pas de justice »
Sur l’engagement militaire français au Mali et ses conséquences diffuses, dans ce pays et ailleurs, sur les terroristes, Yves Trotignon a pu faire entendre la complexité de cette mission qu’il ne voit pas achevée avant très longtemps avec les milliers de kilomètres parcourus par les terroristes, les circuits des armes, et en face, 3.000 militaires français pour un territoire qui fait cinq fois la France.
Jean-Louis Normandin s’est, lui, attaché au sens des mots et a fourni quelques définitions autour de ce concept ancien : être otage politique. « Si vous êtes otage de braqueurs dans une banque, il y a des lois qui s’appliquent aux malfaiteurs. Pour un otage politique, il n’y a pas de justice. Quand vous êtes enchaîné dans un pays en guerre, qui fait la loi ? », s’interroge-t-il demandé. « Le concept d’otage politique vous concerne. Aujourd’hui, ce n’est pas seulement un homme qu’on égorge. Le terrorisme s’attaque à nous tous. Il s’en prend à vos valeurs, à la démocratie. » Alors, être otage ? « C’est une réalité difficile à dire et difficile à faire comprendre. Ne pas savoir si demain vous allez être tué ou libéré ; les conditions de détention, les chaînes, les atteintes à la dignité ». Enfin, sur le thème des images, les intervenants ont expliqué la « nécessaire théâtralisation », la dramaturgie du terrorisme, pour se faire entendre, pour faire pression sur les États. Et en matière d’images aussi, les combattants ont leur savoir-faire...