OTAGE SOUDAN - DARFOUR : L’ex-otage au Darfour Gauthier Lefèvre dit avoir été bien traité
Gauthier Lefèvre, un employé franco-britannique de la Croix-Rouge libéré jeudi au Darfour après 147 jours de captivité, a raconté sa détention et précisé qu’il avait été bien traité par ses ravisseurs.
"Très rapidement, j’ai senti qu’ils n’avaient pas l’intention de me maltraiter, de me faire du mal, et c’était vraiment rassurant", a-t-il déclaré à des journalistes à Khartoum, la capitale soudanaise.
Les ravisseurs "semblaient bien organisés", notamment en ce qui concerne "le ravitaillement et les caches où ils me gardaient", a-t-il précisé. "J’étais tout le temps désespéré, dans la journée c’était comme si le temps s’était arrêté."
L’otage était conduit toutes les deux semaines ou tous les mois dans un autre lieu de détention, soit dans les montagnes, soit dans la savane, entouré seulement de bergers.
L’un de ses gardiens lui a raconté qu’il avait également été chargé de la surveillance de deux prisonnières, une Irlandaise et une Ougandaise, travaillant pour l’association humanitaire GOAL.
Les deux femmes, détenues pendant une centaine de jours, avaient été libérées quelques jours avant l’enlèvement de Gauthier Lefèvre.
Celui-ci a raconté qu’à la fin de sa détention il pouvait se promener et même dormir seul, sans surveillance, dans une cabane à une trentaine de minutes à pied du camp de ses gardiens.
Il a raconté avoir été surpris par la soudaineté de sa libération : "Un soir deux agents (de la sécurité soudanaise) sont venus et m’ont dit ’on y va’". Nous avons marché trois heures jusqu’à une voiture qui nous attendait et nous avons été conduits dans la nuit jusqu’à un hélicoptère."
Gauthier Lefèvre, employé du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), avait été enlevé le 22 octobre dernier. Il était le dernier otage étranger détenu dans la région.
Agé de 35 ans, il était responsable de l’antenne du CICR d’El Geneina, au Darfour occidental, non loin de la frontière tchadienne.
Le CICR a précisé n’avoir versé aucune rançon pour obtenir sa libération.
Les enlèvements de membres d’organisations humanitaires étrangères au Darfour étaient rares jusqu’à l’émission l’an dernier d’un mandat d’arrêt par la Cour pénale internationale (CPI) contre le président Omar Hassan al Bachir pour crimes de guerre. Selon l’Onu, le conflit au Darfour a fait 300.000 morts et deux millions de déplacés.
Opheera McDoom, Guy Kerivel pour le service français