OTAGES AFGHANISTAN : Réaction de RSF après les déclaration du général Georgelin sur le coût des opérations menées pour la libération des 2 journalistes de France TV
(AFP) - L’association Reporters sans frontières (RSF) s’est déclarée dimanche consternée par les "propos pour le moins déplacés" du chef d’état-major des armées, le général Jean-Louis Georgelin, sur le coût des opérations menées pour rechercher les deux journalistes français enlevés fin décembre en Afghanistan.
Pour sa part, la direction de France Télévisions dit s’interroger "sur l’opportunité d’une telle déclaration". "Il n’était pas, jusque-là, dans les habitudes de la France d’évaluer le coût du rapatriement de citoyens français retenus contre leur gré à l’étranger", souligne-t-elle dans un communiqué.
Le général Georgelin a révélé que le coût des opérations menées jusqu’à présent s’élevait à plus de 10 millions d’euros. "Je donne le chiffre parce que j’appelle au sens de la responsabiltié des uns et des autres", a-t-il dit dans la matinée lors du "Grand rendez-vous Europe 1/Le Parisien/Aujourd’hui en France".
"Nous sommes consternés par ce genre de propos, pour le moins déplacés", assure RSF dans un communiqué. "C’est la troisième fois depuis l’enlèvement de ces deux journalistes que les autorités françaises relancent la polémique, alors même qu’elles ont demandé de faire preuve de discrétion et de retenue. Rappeler encore une fois que les recherches coûtent cher est irrespectueux vis-à-vis des familles et inutile", estime l’association de défense de la presse.
La direction du groupe public ajoute que, depuis l’enlèvement, elle-même "et les rédactions de France Télévisions se sont légitimement imposé, en accord avec les autorités françaises, une règle d’absolue discrétion". "Il paraît surprenant que ces mêmes autorités rompent aujourd’hui cette règle de discrétion", s’étonne-t-elle.
Pour le Syndicat national des journalistes de France Télévisions, la déclaration du général Georgelin est "obscène". Le SNJ demande au chef d’état-major des armées "de présenter officiellement ses excuses et de revenir à la discrétion demandée à tous dans cette triste et douloureuse affaire".
"Alors que le SNJ attend toujours des nouvelles du ministre de la Défense à qui il a demandé rendez-vous la semaine dernière, le syndicat condamne aujourd’hui fermement cette manière dont l’Elysée communique autour de la captivité des journalistes et leurs accompagnateurs", écrit le syndicat dans un communiqué.
Le 17 janvier, le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, avait reconnu que l’enlèvement des deux journalistes avait suscité la colère du président Nicolas Sarkozy, qui a dénoncé à leur propos une "imprudence vraiment coupable". "Ils font courir des risques aussi à beaucoup de nos forces armées, qui du reste sont détournées de leurs missions principales. Je crois que, quand même, le scoop ne doit pas être recherché à tout prix", avait-il ajouté, soulignant le "coût tout à fait considérable" de cet enlèvement.