RETOUR SUR LE RASSEMBLEMENT POUR LES 1 000 JOURS DE DETENTION DES 4 OTAGES D’ARLIT
1) UN APPEL PERCUTANT DES FAMILLES DES 4 OTAGES D’ARLIT
PARIS samedi 22 juin 2013 - Parvis de l’Hôtel de Ville, 11H -
Anne Hidalgo première adjointe au Maire de Paris a accueilli les familles, renouvelant ainsi un soutien aux otages qui ne fléchit pas depuis plus de dix ans. Pascale Robert et Françoise Larribe ont apporté leurs vibrants témoignages sur « ces mille jours de vie volée » et Kant Lebeau a lu une lettre envoyée de Martinique par la famille Dol.
ODM puis les familles des autres otages ont eu un moment de parole, avant une dernière intervention forte de Aurélien Pigeat, qui au nom des 4 familles des otages d’Arlit a interpellé le Président de la République.
Voici cette intervention dans son intégralité :
22 JUIN
Les otages sont des citoyens, des citoyens comme d’autres, des citoyens comme vous, comme nous. Sans vous les otages français pourraient définitivement tomber dans l’oubli. Nous les familles, n’oublions pas que les premiers responsables de cette situation sont les ravisseurs qui maintiennent en captivité les plus anciens otages depuis plus de 1000 jours déjà. Nous n’oublions pas que Daniel, Marc, Pierre et Thierry ont fait l’objet d’un enlèvement alors qu’ils travaillaient pour AREVA et VINCI. Nous n’oublions pas qu’après de longs mois d’attente Jean Marc Gadoulet mandaté par les entreprises a ramené en France le 24 février 2011 Françoise Larribe ainsi que Jean-Claude et Alex. Nous n’oublions pas l’espoir de plusieurs libérations proches anéanties par des manuvres aussi malhabiles qu’incompréhensibles. Nous n’oublions pas que notre devoir de réserve qui nous a été imposé jusqu’à ce que nous comprenions au bout de 2 années de silence que la discrétion cachait une profonde inaction. Nous n’oublions pas que les rendez-vous occultés, les lettres sans réponses, les demandes reportées sans fin pour nous faire patienter encore et encore et encore et toujours. Nous n’oublions pas les prétextes, les non-dits, les manquements et les faux-semblants, les tromperies et les mensonges. Tout ce à quoi nous avons bien voulu croire, pour espérer encore et toujours. Enfin, nous n’oublions pas l’immense espoir que nous avons ressenti quand par le plus grand des bonheurs, une famille complète avec ses enfants a été libérée. Maintenant nous sommes là tous ensemble pour garder ces souvenirs dans nos mémoires, ces souvenirs qui porteront notre rancur et notre colère contre l’oubli et les oublieux. Maintenant nous sommes là pour dire qu’il en est fini de la compassion et du silence. Nous sommes là pour nous battre contre les dogmes et contre les hommes qui se drapent de principe qu’ils n’accepteraient pas de voir appliqués à leurs proches. Les otages sont des citoyens, des citoyens comme d’autres, des citoyens comme vous, comme nous. Doit-on pour cela les oublier ? Doit-on pour cela les abandonner ? Qu’a-t-on fait pour les aider ? Que fait-on pour les aider ? Qu’on fait les gouvernements pour les aider. Au final, quels engagements pour les victimes de ces enlèvements Une prise d’otages n’est jamais due au hasard pas plus que ne l’est une libération. Il est temps d’agir et non de faire semblant. Aujourd’hui les familles savent que, malgré les embûches, les contacts avec les ravisseurs de nos proches a toujours été maintenue par la filière des sociétés qui les emploient. Que ce contact a été gêné par des actions de désinformation couvrant des intérêts privés et camouflant des compromissions inacceptables. Aujourd’hui les familles disent clairement qu’elles font le choix de mandater cette filière des sociétés, de lui faire confiance et de demander le soutien de l’Etat pour qu’elle parvienne à un résultat. Aujourd’hui les familles affirment qu’il est possible d’obtenir la libération des otages sans délais. Cette conviction des familles ne se fondent pas sur des affabulations. Elle ne va pas à l’encontre de la position officielle de la France que les familles ont entendue et qu’elles respectent. Mais les familles savent aussi que tous les Etats, même les plus fermes, trouvent toujours, quand ils l’ont décidé, des voies de dialogue et de négociations avec leurs adversaires dans le respect des principes étatiques. Mais pour cela il faut que le Président de la République le décide, vite .Il peut et doit le faire. Aujourd’hui samedi 22 juin 2013, après 1010 jours de détention, les familles n’attendent qu’une seule vraie preuve de vie des otages : Leur retour au plus vite. Merci d’être avec nous les familles pour crier : LIBEREZ-LES
2) UN MOMENT DE SOLIDARITE ENTRE LES FAMILLES D’OTAGES
Lors de ce rassemblement, les familles de Pierre, Marc, Daniel et Thierry ont invité les familles des autres otages actuels à s’exprimer, perpétuant ainsi une solidarité dont elles avaient elles mêmes bénéficié auparavant. C’était le 29 décembre 2010 sur ce même parvis, lors du rassemblement marquant les un an de détention de Hervé Ghesquière, Stéphane Taponier et leur accompagnateur Rezza. A la demande de Arlette et Gérard Taponier, un espace de parole avait été réservé aux familles et proches des otages d’Arlit. Ce fut pour elles un moment intense, l’occasion d’une toute première prise de parole en public, cela faisait 100 jours de détention pour les leurs, Françoise Larribe était encore détenue.
Diane Lazarevic était présente pour rappeler le sort de son père Serge Lazarevic, David Rodrigues-Leal a pris la parole pour son frère Gilbert Rodrigues-Leal, Colette Breda a lu une lettre de Anne Marie Collomp épouse de Francis Collomp et Hervé Ghesquière un petit mot de Ludivine Barbier-Cazares épouse de Rodolfo Cazares. Les deux journalistes disparus en Syrie ont été évoqués et une pensée fraternelle a été adressée à la famille Verdon. De même, à Aix, Denis Collomp a parlé pour son frère Francis et sur les autres rassemblements, à Nantes notamment, les aux autres otages ont bénéficié de témoignages de soutien.
Toutes les prises d’otages sont différentes (circonstances d’enlèvement, motifs, profil des interlocuteurs, conditions de négociation...) mais la violation de la dignité humaine, la souffrance en l’absence, le sentiment d’injustice sont identiques à tous les otages et à leurs proches. Les occasions où toutes les familles peuvent parler d’une seule voix sont rares et précieuses. Merci à tous ceux qui permettent que de telles occasions soient quelquefois possibles !
Prise de parole de Otages du Monde à Paris :
Daniel, Marc, Thierry et Pierre sont à la proue d’une galère où d’autres otages les ont rejoints. Quatre sont connus du grand public et leurs familles vont s’exprimer, mais il se peut qu’il y en ait dont on ignore la situation et d’autres pour qui il est préférable de respecter une période de discrétion, dans premiers les jours suivants l’enlèvement
La barque est lourde, d’autant plus si l’on considère que de nombreuses nationalités sont touchées et que les 1ières victimes de ce fléau sont les populations locales où ces exactions sont perpétrées ( de l’Afghanistan au Mexique en passant par la Syrie et le Mali ).
Les personnes ici présentes rappellent que la prise d’otage peut concerner n’importe quelle famille ; puisque ceci concerne : des employés d’un grand groupe ou d’une PME, une personne travaillant pour son propre compte, un retraité voyageur, un vacancier en visite dans sa famille d’origine.... et bien d’autres catégories : étudiants, personnels naviguant, membres d’ ONG, journalistes.
Face à ces familles : des gens debout, par empathie sincère et fraternelle bien sûr, mais pas seulement. Des citoyens, des anonymes, des élus, des personnalités qui se sentent touchés parce qu’une partie de la Démocratie, une partie d’eux-mêmes est prise en otage.
A ODM nous nous posons des questions : Quelle place a l’otage dans nos démocraties ? Quelle valeur, au pays des droits de l’homme ? Quel statut pour l’otage politique et pour celui qui ne l’est pas ?
Nous exprimons des craintes :
Nous savons qu’en Afrique de l’ouest des ressources hommes/matériels sont déployées. Mais le tempo du politique n’est pas celui de l’otage ! Face à la raison d’état, les otages vont-ils une nouvelle fois passer pour quantité négligeable ? Pertes et profits ? Dommages collatéraux ?
En parlant de « tempo », remarquons une coïncidence : les 1 000 jours de détention pour les otages d’Arlit correspondent à 2 jours de déplacement officiel de François Hollande au Qatar. Préfère t’on parler de foot et de rafales ?
Nous espérons faire partie d’un pays qui accorde à ses ressortissants une valeur suprême ! Et nous croyons là-bas en une étincelle d’humanité !
Nous exhortons toutes les autorités et les personnes qui ont un pouvoir de décision, à déclencher les actions cohérentes permettant au plus vite la libération des otages par la voie de la négociation. C’est le moment !
Enfin nous martelons : la prise d’otage est un crime, il existe des cours internationales, il faut un jour que la Justice soit rendue !