OTAGES COLOMBIE : Le chef militaire des Farc tué au combat en Colombie
Le chef militaire des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), Mono Jojoy, a été tué au combat, a annoncé jeudi l’armée colombienne.
Sa mort constituerait le plus grave revers subi par les Farc depuis la mort, en mars 2008, du fondateur de la guérilla, Manuel Marulanda, suivie par le décès de deux autres responsables militaires du mouvement, Raul Reyes, tué par l’armée colombienne lors d’une incursion en Equateur, et Ivan Rios, abattu par un de ses gardes du corps. "El Mono Jojoy", alias Jorge Briceno, était l’un des sept membres du secrétariat des Farc. Il était considéré comme l’un des chefs les plus radicaux du mouvement armé. Selon l’armée colombienne, il a été tué dans un raid aérien dans la région de La Macarena, province du Meta, dans le sud-est du pays, un des derniers bastions de la guérilla. Sa disparition affaiblit davantage encore le mouvement armé, mis à mal par la politique sécuritaire engagée en 2002, avec le soutien des Etats-Unis, par le président Alvaro Uribe et reprise à son compte par son successeur, Juan Manuel Santos. Cet ancien ministre de la Défense d’Uribe, qui a prêté serment le mois dernier, a exclu d’ouvrir des pourparlers avec les Farc tant qu’ils n’auraient pas cessé les hostilités et libéré les otages qu’ils détiennent encore en captivité. "Le symbole du terrorisme en Colombie est tombé", a déclaré le président Santos à New York, où il assiste à l’assemblée générale annuelle des Nations unies. "Je dis aux Farc, nous sommes à vos trousses, nous n’allons pas baisser la garde". Dimanche, 22 "narco-terroristes", ainsi que les désigne le gouvernement, ont péri dans un assaut lancé par les forces spéciales de l’armée colombienne contre un camp de la province de Putumayo. A Washington, la Maison blanche a qualifié la mort de Jojoy de "victoire importante pour la Colombie". Le président américain Barack Obama évoquera le dossier et ses suites avec son homologue colombien lors d’une rencontre prévue vendredi à New York. TRAQUE PERMANENTE
Au plus fort de la guérilla, les Farc, créées en 1964, comptaient quelque 17.000 combattants en mesure de frapper à leur guise et contrôlant de larges portions du territoire. Ils ne seraient plus aujourd’hui que 9.000, repoussés dans des zones de jungle. Leurs capacités d’action seraient largement réduites. Ils restent cependant capables de coups d’éclat, comme l’enlèvement et l’assassinat l’an dernier du gouverneur de la province du Caqueta ou l’attentat à la bombe qui a fait neuf morts en mars dernier dans le port de Buenaventura. Ils ont également accentué ces derniers temps leurs opérations contre les forces de sécurité, mais dans des zones géographiques limitées, autour des zones de production de cocaïne, l’une de leurs principales sources de revenus.
"Le fait qu’ils aient recours à ce type d’opérations démontre leur incapacité à opérer comme ils le faisaient en 2000, lorsqu’ils étaient en mesure de masser des combattants autour d’une ville et d’y mener l’assaut pendant plusieurs heures", écrivait dimanche Roman Ortiz, spécialiste des questions de sécurité, dans le journal El Tiempo.
"Les commandants des Farc ont ordonné une intensification des opérations devant coïncider avec les premiers pas du nouveau gouvernement, mais il est évident que ces actions sont des actions individuelles visant des cibles faciles et à leur portée", ajoutait-il.
Des déserteurs qui négocient leur sortie de clandestinité décrivent les rebelles comme étant en fuite permanente, pourchassés par l’armée. Celle-ci, qui a amélioré sa mobilité grâce à l’acquisition d’hélicoptères, bénéficie également de meilleurs renseignements. Le secrétariat des Farc, où donc siégeait Mono Jojoy, est aujourd’hui dirigé par Alfonso Cano, qu’on présente davantage comme un idéologue que comme un stratège militaire.