OTAGE SUISSE MEXIQUE : Frédérique Santal tremble pour son frère enlevé
Vincent Donzé | Le Matin
De Bévilard (BE), sa sur aînée, Frédérique Santal, n’abandonne pas les recherches. Il aurait dû fêter son 50e anniversaire avec sa famille le 3 août.
Vivre sept mois sans nouvelles de son frère cadet enlevé au Mexique, c’est le cauchemar que vit Frédérique Santal, une pianiste établie à Bévilard (BE). L’industriel Olivier Tschumi a été séquestré par un gang de narcotrafiquants le 19 décembre dernier dans son pays d’adoption. « Mon frère aurait..., commence la sur, avant de rectifier : aura 50 ans la semaine prochaine. »
L’anniversaire ne sera pas fêté comme prévu par une visite des châteaux de la Loire. Son frère est-il encore en vie ? Mystère. « Ce 3 août, il y aura beaucoup de larmes », souffle cette ancienne animatrice de la radio locale RJB.
Rien n’a permis la libération d’Olivier Tschumi, à Cuernavaca, dans l’Etat de Morelos, à 80 km de la capitale Mexico. Ni le versement d’une rançon de 10 000 dollars par sa famille, ni la récompense de 5 millions de pesos (300 000 francs) offerte par les autorités mexicaines.
Rançon payée et pas de nouvelles
L’enlèvement n’est pas politique mais crapuleux. Olivier Tschumi n’exhibait pourtant aucun signe extérieur de richesse à Cuernavaca. « Il était discret de nature et, pour sa sécurité, il ne sortait plus le soir », témoigne sa sur, qui lui a rendu visite l’été dernier. Actif dans le commerce horloger, il voulait se recycler dans le photovoltaïque.
C’est pendant un jogging avec ses deux chiens dans la forêt visible depuis son balcon qu’Olivier Tschumi a été enlevé. Après avoir encaissé la rançon répartie dans deux sacs, ses ravisseurs n’ont plus donné de nouvelles. C’est ce silence qui mine Frédérique Santal : « Je veux connaître la vérité. »
Dans sa maison de Bévilard, Frédérique Santal délaisse son piano et les machines à coudre utilisées pour confectionner les poupées qui lui ont donné une petite notoriété. C’est devant son ordinateur qu’elle passe l’essentiel de son temps, en consultant la presse mexicaine.
Le dossier dort au niveau fédéral
Le dernier article qui lui a glacé le sang évoque la mort d’un inconnu, sur le site du journal El Sol de Guernavaca. Scruter la photo du cadavre à la recherche d’un indice, c’est l’effort consenti par Frédérique Santal. « Au début, je vomissais devant ces images de cadavres, parfois décapités ou dépecés. » Mais elle se fait violence : « Un simple T-shirt peut m’aider à l’identifier », soupire la sur, privée d’informations par les autorités mexicaines.
« S’il est vivant, comment est-il traité ? A-t-il été cédé à une autre bande ? » s’interroge Frédérique Santal, qui a consulté des médiums. Son dernier projet consiste à engager une équipe de détectives. C’est la ministre des Affaires étrangères, Micheline Calmy-Rey, qui lui a suggéré une agence américaine formée d’anciens du FBI, lors d’une récente rencontre. Le principal obstacle, c’est le coût d’une telle opération, estimé à 1500 dollars par jour.
Fâchée un temps avec le Département de Micheline Calmy-Rey au point d’envisager une grève de la faim, Frédérique Santal a compris que vouloir n’est pas pouvoir. « On peut observer, se renseigner ou faire pression, mais on ne peut pas agir. L’envoi de trois policiers au Mexique a eu un effet pervers : le transfert du dossier au niveau fédéral, où il dort dans un tiroir », admet-elle aujourd’hui.
L’arrestation, ces derniers jours, d’un policier corrompu était de nature à relancer l’enquête, mais le sort réservé à Olivier Tschumi reste un mystère. Frédérique Santal ne baissera pas les bras : « Connaître la vérité, c’est un devoir vis-à-vis de sa fille de 10 ans. Et c’est une promesse faite à ma maman. »