OTAGES FRANCAIS : informations et actions de sensibilisation

DOCUMENTATION SUR LES OTAGES

(JPG) Mobilisation pour Guy-Andre Kieffer, journaliste français disparu en Côte d’Ivoire

(JPG) Michel Germaneau : otage français enlevé au Niger le 19 avril 2010

OTAGES AFGHANISTAN : HERVE GUESQUIERE ET STEPHANE TAPONNIIER, LIBRES !

HUMANITAIRES ET PRISES D’OTAGES - NOS FORMATIONS

24 juin 2009 - L’insécurité menace l’action humanitaire : UN DOSSIER DU JOURNAL LA CROIX

DOSSIER LA CROIX : HUMANITAIRES OTAGES

Le personnel local des ONG est souvent durement touché

Les travailleurs nationaux sont davantage victimes des attaques perpétrées contre les ONG que les expatriés, rappelle une étude publiée en mai par l’association française Bioforce, chargée de la formation du personnel humanitaire. Parmi les morts en mission, 87,5 % sont des locaux et 12,5 % des étrangers. Il est vrai que sur le terrain, les habitants du pays où l’intervention se déroule sont souvent très majoritaires. Le ratio tourne autour de 1 expatrié pour 13 locaux chez les grandes ONG françaises.

D’après Humanitarian Policy Group, un institut de recherche sur les affaires humanitaires, entre 2006 et 2008, les kidnappings constituent 25 % des événements graves, juste derrière les embuscades et les attaques sur la route (30 %). Les raids et les incursions dans les locaux des ONG représenteraient 9 % des violences et les attentats à l’explosif 6 %. Le reste regroupant des agressions individuelles et des assassinats.

Ollivier TALLES

Face à la hausse des violences, les ONG s’organisent

Les violences contre les travailleurs humanitaires ont doublé entre 2006 et 2008. L’insécurité grandissante oblige les ONG à professionnaliser les règles de sécurité

La carte de la région des Grands Lacs, en Afrique centrale, est épinglée sur le mur. Des cercles localisent les groupes armés à l’est de la République démocratique du Congo. « Les rebelles qui font le plus souvent parler d’eux sont les FDLR », commence un responsable de Médecins sans frontières (MSF). Avant de poursuivre par un exposé sur la politique locale, les dangers potentiels, les attaques subies par les travailleurs humanitaires. Attentif, un futur coordinateur de l’ONG prend des notes. Sur place, la sécurité fera partie de ses attributions.

Chaque chef d’une mission d’entraide dans la région des Grands Lacs est en effet accaparé par la protection de ses équipes. « Tous les jours, la sécurité occupe trois, quatre heures de mon temps », calcule Ollo Sib, qui supervise pour le Secours catholique deux projets de développement à l’est de la République démocratique du Congo. Il faut vérifier la position du personnel heure par heure, entretenir les contacts avec les militaires, se renseigner sur les routes avant chaque déplacement. « On apprend à rester en éveil 24 heures sur 24 », assure-t-il.

Ses collègues au Soudan, au Pakistan, en Afghanistan, en Colombie et ailleurs connaissent les mêmes impératifs. Dans les pays en guerre, la gestion de la sécurité s’est imposée comme une nécessité face aux agressions subies par le personnel des ONG. Pour la seule année 2008, 260 incidents graves ont été recensés dans le monde, selon les données partielles d’une enquête britannique publiée en avril 2009. Le Soudan, l’Afghanistan et la Somalie ont concentré à eux trois 60 % des faits signalés. Au total, 122 personnes ont été tuées et 76 blessées. La multiplication des violences délibérées

Ces chiffres ont doublé par rapport à 2006 et quadruplé depuis 2000. « Jusqu’en 2006, la hausse des violences était proportionnelle à l’augmentation du nombre d’intervenants sur le terrain, note Rony Brauman, ancien président de MSF. Ce n’est plus le cas ces deux dernières années. » Au-delà des données chiffrées pas forcément représentatives de la réalité, c’est la nature même des agressions qui inquiète le monde des ONG : les violences délibérées contre le personnel se multiplient.

Les prises d’otages sont une des manifestations de cette radicalisation : 62 cas ont été comptabilisés en 2008 contre 7 en 2003. Au moins 11 personnes sont toujours en captivité aujourd’hui. « Le risque de kidnapping a clairement augmenté, alors que le nombre total des incidents sécurité reste stable chez nous », observe Patrick Brugger, chef de la sécurité au Comité international de la Croix-Rouge (CICR). « Je suis relativement inquiet sur la perception de l’humanitaire, tantôt vu comme un empêcheur de tourner en rond, tantôt comme un instrument de l’Occident. »

L’acceptation par les partis en conflit demeure le meilleur garant pour mener un programme à bien. D’où l’obligation de développer son réseau auprès des chefs locaux, de la guérilla, du gouvernement. Présent depuis trente ans en Afghanistan, le CICR a cultivé sans discontinuer ses entrées auprès des talibans. Sans état d’âme. « Il faut une grosse organisation pour aller à la rencontre des talibans », prévient Patrick Brugger. À défaut, la plupart des ONG ne se déplacent pas sans la protection des armées de la coalition internationale, voire s’entourent de polices privées, au risque de passer pour des soldats et d’entretenir la confusion. Le piège à éviter ? La routine Une fois sur place, le volontaire doit se familiariser avec des règles qui changent d’un pays à l’autre. Le piège à éviter ? La routine. « Les enlèvements en Afghanistan surviennent pendant les déplacements », explique Jim Arbogast, le « monsieur sécurité » à Médecins du monde. « Nos expatriés modifient régulièrement les trajets et les horaires de passage lorsqu’ils se rendent dans les locaux de la mission. » La prévention des risques exige aussi une bonne collaboration avec les employés locaux, souvent plus à même de détecter une menace en amont.

Il appartient enfin aux coordinateurs ou chefs de projet de récolter les informations, de les analyser puis d’apprécier le niveau de l’insécurité. Leur rapport peut être quotidien, hebdomadaire ou mensuel, et varier considérablement d’une région à l’autre, voire d’une ville à l’autre. MSF utilise des chiffres de 1 à 5, ce dernier étant le péril extrême de type champ de bataille. D’autres parlent de risque faible, moyen, élevé ou critique. « En fonction d’un événement politique, une zone peut basculer du niveau faible à élevé en quelques heures », précise Jim Arbogast.

Avant de s’envoler vers une destination sensible, la majorité des expatriés des ONG françaises suivent une préparation au départ plus ou moins formelle. En préambule, ces volontaires sont alertés sur les incidents survenus contre les Occidentaux : meurtres, prises d’otages, ou simples braquages. À la suite de quoi, ils sont libres de renoncer à la mission. « Pour les pays les plus dangereux, une forte proportion des personnes contactées refuse le poste », témoigne Nicolas Veilleux, responsable des ressources humaines pour le Pakistan, la Palestine, le Malawi et la Centrafrique à MSF. « Une forme de compagnonnage » Le recrutement dépend fortement de la destination. Chez MSF ou à la Croix-Rouge, les chefs de mission au Pakistan sont principalement des hommes, ce qui facilite les relations avec les autorités locales. Sauf exception, les infirmiers ou les médecins sans expérience ne partent pas en Afghanistan. « Au sein de Handicap International, un jeune humanitaire sera encadré par du personnel aguerri. C’est une forme de compagnonnage », précise Jean-Pierre Delomier, directeur de l’action d’urgences de l’ONG.

L’expérience ne suffit pas toujours et les vieux routiers eux-mêmes craquent à force de subir des tensions permanentes. Au point que la gestion du stress est devenue au fil du temps une préoccupation de l’encadrement, sur le terrain comme au siège. « Quand une bombe a explosé au Pakistan à un kilomètre du lieu où travaillait une de nos équipes, début juin, nous avons organisé un “débriefing” émotionnel par téléphone depuis Paris, raconte Nicolas Veilleux. Par ailleurs, un expatrié est libre de rentrer à tout moment. »

À l’intérieur des grosses ONG, un psychologue est souvent dépêché sur place en période de stress intense. En cas de prise d’otages, une cellule de crise est installée au siège en relation avec le ministère des affaires étrangères. Le processus de négociations est désormais bien rodé.

« Nous refusons toujours de payer des rançons », affirme Patrick Brugger, du CICR. « Mais il nous arrive de faire de l’assistance humanitaire auprès des preneurs d’otages. »

Reste l’éternel débat : faut-il poursuivre la mission après un meurtre ou un kidnapping ? À un moment ou à un autre, toutes les ONG s’interrogent sur l’importance de leur action auprès des populations par rapport à la sécurité de leurs employés. Le personnel de Handicap International qui travaille aujourd’hui au Somaliland peut en témoigner. Depuis 2007, il a dû évacuer à deux reprises la région au gré des soubresauts politiques. « Notre premier souci, c’est le secours aux populations, » conclut Jean-Pierre Delomier. « L’insécurité, il va falloir apprendre à vivre avec. »

Ollivier TALLES

SOMMAIRE DU DOSSIER

- Une ex-otage témoigne

- Les humanitaires de la Croix-Rouge testent leurs réactions

- Le personnel local des ONG est souvent durement touché

- Les humanitaires retenus ou récemment libérés


Une humanitaire retenue en otage témoigne

Une jeune Française libérée au printemps 2009 après avoir été retenue en otage pendant près d’un mois témoigne de son expérience Etait-il possible d’anticiper le risque d’enlèvement ? Des semaines après sa libération, Adeline (1) en doute. Elle a respecté les règles de sécurité, alerté son équipe avant son déplacement, obtenu les autorisations nécessaires. La région située dans un pays en guerre de la Corne africaine était réputée à peu près sûre. Les ONG ne signalaient aucune agression.... Jusqu’à sa prise en otage, par un groupe d’hommes armés inconnus, un soir de printemps 2009.

Adeline a été retenue près d’un mois en captivité en compagnie d’une autre expatriée de son ONG, au milieu de nulle part. « On n’a jamais été maltraitées », précise-t-elle. Durant les premiers jours, les deux femmes ont dû expliquer le sens de leur présence à des ravisseurs qui les accusaient de travailler pour leur gouvernement. Peu à peu, la conversation a dévié sur la vie en France, les relations Nord-Sud... « Très vite, nous avons essayé de créer un lien avec nos gardiens et de faire ressortir leur part d’humanité ainsi que la nôtre », témoigne l’infirmière.

« Je m’étais déjà projetée dans la peau d’un otage » Adeline parle, non sans pudeur, de ses heures d’attente sur un tapis, de ses petits moments de fatigue, de son refus de croire aux libérations promises ou aux menaces de mort formulées par ses geôliers, de ses peurs aussi. Pour tenir, l’infirmière a pensé à tous les otages dont elle avait écouté les témoignages ou lu les récits, notamment celui d’Ingrid Betancourt paru dans La Croix . « Je m’étais déjà projetée dans la peau d’un otage », raconte-t-elle.

Adeline n’a conservé ni colère, ni rancune de son expérience. Les risques, elle les connaissait avant de partir. Ce n’était pas non plus sa première mission à l’intérieur d’un pays instable. En Casamance et en Papouasie, la jeune femme avait déjà côtoyé des hommes armés, s’était familiarisée aux consignes, et avait même envisagé le pire. « Quand deux acteurs humanitaires se croisent sur ce type de terrain, le sujet sécurité arrive au bout de quelques secondes dans les conversations », rappelle-t-elle.

Des semaines après sa libération, Adeline rêve parfois d’hommes en armes, même si elle semble avoir surmonté le choc de son enlèvement. Ses amis et sa famille l’ont bien entourée. Son ONG est aussi restée à ses côtés, finançant le psychologue qu’elle a consulté en France. « Depuis ma libération, je me sens plus facilement en insécurité, lorsque je me retrouve seule le soir dans une rue isolée, note-t-elle. La psychologue m’avait prévenue de ces séquelles. » « J’ai besoin de donner, besoin de contacts humains » Adeline travaille actuellement dans un hôpital français, mais n’a pas renoncé à son engagement en faveur de la solidarité internationale. « J’ai besoin de donner, besoin de contacts humains », explique-t-elle. Après une formation de coordinatrice de projets, elle repartira à l’étranger. De préférence vers des destinations à l’écart de la guerre, là où les humanitaires ne travaillent pas seulement dans l’urgence. « J’ai toujours préféré les programmes de développement », note-t-elle.

Lors de sa dernière expérience, Adeline a senti combien son action était limitée par les impératifs sécuritaires. « Je n’avais pas l’impression de pouvoir faire grand-chose pour le développement à long terme », regrette-t-elle. Et de s’interroger sur le discours anti-occidental qu’elle avait dû affronter. Sur la perception négative du travailleur humanitaire. Sur l’amalgame entre les agences onusiennes, les ONG, les casques bleus... « J’ai constaté une énorme propagande contre les ONG partout où j’ai travaillé... Personne ne croit à leur neutralité. Alors on fait quoi maintenant ? »

Ollivier TALLES

(1) Le nom de la personne a été changé à sa demande.


Les humanitaires de la Croix-Rouge testent leurs réactions

Les volontaires du Comité international de la Croix-Rouge agissent sur tous les fronts. Pour les préparer, l’institution organise des simulations d’incidents « Coupez votre moteur ! » Un barrage tenu par des rebelles sur une petite piste boueuse, au cœur de l’Alpesie. Un officier, regard caché derrière des lunettes noires, visage fermé, treillis fatigué. « Descendez des véhicules, à genoux », ordonne-t-il. « Les bras derrière la tête. Videz vos poches. » À ses côtés, un homme cagoulé pousse brutalement les travailleurs humanitaires hors de leur gros 4 × 4 si reconnaissable avec son logo Croix-Rouge. Deux guérilleros observent minutieusement les faits et gestes de chacun, fusil d’assaut au poing. Un troisième fouille le véhicule.

« Qu’est-ce que vous faites ici ? » interpelle le chef rebelle. Les questions fusent, de plus en plus insistantes. Les interlocuteurs répondent tant bien que mal, martèlent leur neutralité, brandissent leur mission auprès des victimes. Certains sont conduits à l’écart, l’arme sur la tempe et menacés de servir d’otages. L’interrogatoire est brusquement interrompu par le bruit d’une explosion. Une attaque. « Filez d’ici, remontez dans votre véhicule », hurle l’officier aux humanitaires qui démarrent sur des chapeaux de roue. Plus de peur que de mal...

La reconstitution d’un incident vécu sur le terrain L’Alpesie n’existe pas. Pas plus que le chef rebelle et ses sbires. Ces hommes sont en réalité des formateurs du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), en charge des exercices de sécurité organisés au centre Ecogia, dans la banlieue de Genève. Tout est fictif donc, mais extrêmement sérieux. « Le scénario est la reconstitution exacte d’un incident vécu sur le terrain », rappelle Pierre Barras, responsable de la division protection du CICR. Cette épreuve représente l’un des temps forts du stage d’intégration auquel sont soumis les nouveaux employés de l’institution.

Ces volontaires ignorent tout ce qui va leur arriver. « Ils savent que c’est une simulation mais se demandent jusqu’où nous pouvons aller, poursuit Pierre Barras. Cela donne un aperçu des réactions de chacun lors d’un incident de sécurité. » Quand la tension grimpe, certains se renferment sur eux-mêmes, d’autres parlent trop. Dans tous les cas, il est difficile de garder le ton juste.

Les faux rebelles décryptent après coup l’exercice devant les élèves, écoutent les réactions, reviennent sur les erreurs à éviter. Conserver ses lunettes de soleil sur le nez à un barrage, par exemple. Ou se promener en sandales dans un pays en guerre. « En cas de prise d’otage, on peut avoir à passer des mois dans la jungle. Les tongs n’y sont pas recommandées », avertit un formateur. Des profils hétérogènes Face à lui, ils sont une vingtaine à avoir été sélectionnés au terme de tests psychologiques, linguistiques et d’entretiens. Leurs passeports sont suisses, français, espagnols, canadiens, libanais, indiens... Des diplômés de sciences politiques côtoient des infirmières. Les uns comptent plusieurs missions humanitaires dans des organisations non gouvernementales, d’autres viennent de la banque, de la gendarmerie... La moyenne d’âge tourne autour de 30 ans, mais quelques-uns ont dépassé la cinquantaine.

Pendant trois semaines, ces futurs délégués du CICR vivent en vase clos, alternant les exposés sur le droit humanitaire avec des exercices pratiques sur le rapport aux militaires ou à la sécurité. La grande majorité travaillera en zones de conflit. Parmi eux, Maria, une Espagnole de 30 ans, a renoncé à la finance pour le secours aux victimes de guerre. Elle vient de découvrir son premier lieu d’affectation : le Sri Lanka. « Le risque est inhérent à notre fonction, assure-t-elle. Il faut se préparer à vivre des situations dangereuses. »

Autour de Maria, les questions fusent. Que faire lorsqu’un délégué est gardé en otage et que le reste de l’équipe est pressé de déguerpir ? Faut-il résister en cas d’agression physique ? À défaut de délivrer un mode d’emploi, l’institution mise sur la prévention à travers « sept piliers de la sécurité », dont l’acceptation par les belligérants, la collecte d’informations, la gestion du stress pour soi-même et pour le groupe... Pierre Barras conclut sur une note encourageante : « L’incident demeure l’exception, pas la norme, dans une carrière d’humanitaire. »

Ollivier TALLES, à Genève

La carte de la région des Grands Lacs, en Afrique centrale, est épinglée sur le mur. Des cercles localisent les groupes armés à l’est de la République démocratique du Congo. « Les rebelles qui font le plus souvent parler d’eux sont les FDLR », commence un responsable de Médecins sans frontières (MSF). Avant de poursuivre par un exposé sur la politique locale, les dangers potentiels, les attaques subies par les travailleurs humanitaires. Attentif, un futur coordinateur de l’ONG prend des notes. Sur place, la sécurité fera partie de ses attributions.

Chaque chef d’une mission d’entraide dans la région des Grands Lacs est en effet accaparé par la protection de ses équipes. « Tous les jours, la sécurité occupe trois, quatre heures de mon temps », calcule Ollo Sib, qui supervise pour le Secours catholique deux projets de développement à l’est de la République démocratique du Congo. Il faut vérifier la position du personnel heure par heure, entretenir les contacts avec les militaires, se renseigner sur les routes avant chaque déplacement. « On apprend à rester en éveil 24 heures sur 24 », assure-t-il.

Ses collègues au Soudan, au Pakistan, en Afghanistan, en Colombie et ailleurs connaissent les mêmes impératifs. Dans les pays en guerre, la gestion de la sécurité s’est imposée comme une nécessité face aux agressions subies par le personnel des ONG. Pour la seule année 2008, 260 incidents graves ont été recensés dans le monde, selon les données partielles d’une enquête britannique publiée en avril 2009. Le Soudan, l’Afghanistan et la Somalie ont concentré à eux trois 60 % des faits signalés. Au total, 122 personnes ont été tuées et 76 blessées. La multiplication des violences délibérées Ces chiffres ont doublé par rapport à 2006 et quadruplé depuis 2000. « Jusqu’en 2006, la hausse des violences était proportionnelle à l’augmentation du nombre d’intervenants sur le terrain, note Rony Brauman, ancien président de MSF. Ce n’est plus le cas ces deux dernières années. » Au-delà des données chiffrées pas forcément représentatives de la réalité, c’est la nature même des agressions qui inquiète le monde des ONG : les violences délibérées contre le personnel se multiplient.

Les prises d’otages sont une des manifestations de cette radicalisation : 62 cas ont été comptabilisés en 2008 contre 7 en 2003. Au moins 11 personnes sont toujours en captivité aujourd’hui. « Le risque de kidnapping a clairement augmenté, alors que le nombre total des incidents sécurité reste stable chez nous », observe Patrick Brugger, chef de la sécurité au Comité international de la Croix-Rouge (CICR). « Je suis relativement inquiet sur la perception de l’humanitaire, tantôt vu comme un empêcheur de tourner en rond, tantôt comme un instrument de l’Occident. »

L’acceptation par les partis en conflit demeure le meilleur garant pour mener un programme à bien. D’où l’obligation de développer son réseau auprès des chefs locaux, de la guérilla, du gouvernement. Présent depuis trente ans en Afghanistan, le CICR a cultivé sans discontinuer ses entrées auprès des talibans. Sans état d’âme. « Il faut une grosse organisation pour aller à la rencontre des talibans », prévient Patrick Brugger. À défaut, la plupart des ONG ne se déplacent pas sans la protection des armées de la coalition internationale, voire s’entourent de polices privées, au risque de passer pour des soldats et d’entretenir la confusion.

Le piège à éviter ? La routine Une fois sur place, le volontaire doit se familiariser avec des règles qui changent d’un pays à l’autre. Le piège à éviter ? La routine. « Les enlèvements en Afghanistan surviennent pendant les déplacements », explique Jim Arbogast, le « monsieur sécurité » à Médecins du monde. « Nos expatriés modifient régulièrement les trajets et les horaires de passage lorsqu’ils se rendent dans les locaux de la mission. » La prévention des risques exige aussi une bonne collaboration avec les employés locaux, souvent plus à même de détecter une menace en amont.

Il appartient enfin aux coordinateurs ou chefs de projet de récolter les informations, de les analyser puis d’apprécier le niveau de l’insécurité. Leur rapport peut être quotidien, hebdomadaire ou mensuel, et varier considérablement d’une région à l’autre, voire d’une ville à l’autre. MSF utilise des chiffres de 1 à 5, ce dernier étant le péril extrême de type champ de bataille. D’autres parlent de risque faible, moyen, élevé ou critique. « En fonction d’un événement politique, une zone peut basculer du niveau faible à élevé en quelques heures », précise Jim Arbogast.

Avant de s’envoler vers une destination sensible, la majorité des expatriés des ONG françaises suivent une préparation au départ plus ou moins formelle. En préambule, ces volontaires sont alertés sur les incidents survenus contre les Occidentaux : meurtres, prises d’otages, ou simples braquages. À la suite de quoi, ils sont libres de renoncer à la mission. « Pour les pays les plus dangereux, une forte proportion des personnes contactées refuse le poste », témoigne Nicolas Veilleux, responsable des ressources humaines pour le Pakistan, la Palestine, le Malawi et la Centrafrique à MSF. « Une forme de compagnonnage » Le recrutement dépend fortement de la destination. Chez MSF ou à la Croix-Rouge, les chefs de mission au Pakistan sont principalement des hommes, ce qui facilite les relations avec les autorités locales. Sauf exception, les infirmiers ou les médecins sans expérience ne partent pas en Afghanistan. « Au sein de Handicap International, un jeune humanitaire sera encadré par du personnel aguerri. C’est une forme de compagnonnage », précise Jean-Pierre Delomier, directeur de l’action d’urgences de l’ONG.

L’expérience ne suffit pas toujours et les vieux routiers eux-mêmes craquent à force de subir des tensions permanentes. Au point que la gestion du stress est devenue au fil du temps une préoccupation de l’encadrement, sur le terrain comme au siège. « Quand une bombe a explosé au Pakistan à un kilomètre du lieu où travaillait une de nos équipes, début juin, nous avons organisé un “débriefing” émotionnel par téléphone depuis Paris, raconte Nicolas Veilleux. Par ailleurs, un expatrié est libre de rentrer à tout moment. »

À l’intérieur des grosses ONG, un psychologue est souvent dépêché sur place en période de stress intense. En cas de prise d’otages, une cellule de crise est installée au siège en relation avec le ministère des affaires étrangères. Le processus de négociations est désormais bien rodé.

« Nous refusons toujours de payer des rançons », affirme Patrick Brugger, du CICR. « Mais il nous arrive de faire de l’assistance humanitaire auprès des preneurs d’otages. »

Reste l’éternel débat : faut-il poursuivre la mission après un meurtre ou un kidnapping ? À un moment ou à un autre, toutes les ONG s’interrogent sur l’importance de leur action auprès des populations par rapport à la sécurité de leurs employés. Le personnel de Handicap International qui travaille aujourd’hui au Somaliland peut en témoigner. Depuis 2007, il a dû évacuer à deux reprises la région au gré des soubresauts politiques. « Notre premier souci, c’est le secours aux populations, » conclut Jean-Pierre Delomier. « L’insécurité, il va falloir apprendre à vivre avec. »

Ollivier TALLES

Les humanitaires retenus ou récemment libérés

Les travailleurs humanitaires actuellement retenus (liste non exhaustive) : Au Yémen , six personnes, cinq Allemands et un Britannique, sont retenues en otages depuis trois semaines, alors que les corps de deux aides-soignantes de Worldwide Services et d’une enseignante ont été retrouvés. L’État allemand dénonce Al-Qaida.

Sur l’île méridionale de Jolo, un employé italien du Comité international de la Croix-Rouge, Eugenio Vagni, 62 ans, est retenu depuis cinq mois par le groupe Abou Sayyaf, qui a relâché deux autres employés enlevés avec lui. Le pape Benoît XVI a demandé hier sa libération ainsi que celle de toutes les personnes séquestrées dans les zones de conflit.

En Somalie, quatre employés d’Action contre la faim (ACF), ainsi que deux pilotes qui les accompagnaient, ont été enlevés en novembre dernier par un groupe d’hommes en armes. Cela fait sept mois qu’ils sont en captivité. Des otages récemment libérés Au Darfour, quatre travailleurs humanitaires de MSF, enlevés le 11 mars, ont été libérés trois jours plus tard.

Par ailleurs, deux travailleuses humanitaires de l’ONG Aide médicale internationale ont retrouvé la liberté en avril, après plus de trois semaines de captivité. Elles avaient été enlevées par un groupe jusqu’alors inconnu, les « Aigles de la libération de l’Afrique ».

En Somalie, deux membres de Médecins sans frontières (MSF) ont été enlevés le 19 avril par un groupe armé, puis libérés le 28 avril.

Deux volontaires japonais et néerlandais de Médecins du monde (MDM), enlevés fin septembre 2008 à la frontière éthiopienne et retenus en Somalie,- ont été libérés le 24 janvier. Leurs ravisseurs avaient demandé une rançon de 3 millions de dollars.

En Afghanistan, un employé d’une ONG participant à des programmes d’éducation a été libéré en décembre alors qu’il avait été enlevé début novembre par des inconnus armés.

 
^ Remonter ^
  1. https://thesanctuarycollective.org/
  2. https://www.otages-du-monde.com/
  3. https://www.endangeredrangers.com/
  4. https://www.hottestmominamerica.com/
  5. https://www.globalinstitutefortomorrow.com/
  6. https://craftymonkeys.org/
  7. https://thencta.com/
  8. https://collegecitescolaire.com/
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