0tages mobilisation : A Auray : « La médiatisation est indispensable »
La conférence d’Otages du monde a rassemblé une centaine de personnes, hier matin, au Petit Théâtre.
Dans le cadre de la grande journée de mobilisation pour les sept otages français actuellement détenus à travers le monde, l’association Otages du monde organisait une conférence, hier matin, à Auray, avant le concert de soutien programmé en soirée, à Athéna.
Deux ex-otages Parmi la centaine de personnes présentes au Petit Théâtre, il y avait une forte délégation de proches du Nantais Pierre Legrand, l’un des quatre travailleurs encore retenu au Niger. D’entrée, Patricia Philibert, porte-parole du comité de soutien à Hervé Guesquière et Stéphane Taponier, a justifié la médiatisation autour des deux journalistes de France 3, retenus depuis plus de 400 jours en Afghanistan. « C’est un piège dans lequel il faut tomber, comme a dit Jean-Paul Kaufmann, ex-otage au Liban. Certes, la médiatisation sert les preneurs d’otages, mais elle protège aussi les otages, permet parfois de rétablir leur image et leur dignité, et aussi de parler des autres otages ». Pierre Camatte et Jean-Louis Normandin ont ensuite témoigné de leur propre expérience d’otage. Le premier, retenu durant 89jours au Mali par AlQaïda, l’année dernière, a raconté comment il avait réussi à garder la notion du temps, en faisant chaque jour un noeud dans une cordelette. Le second, pris en otage pendant plus d’un an et demi au Liban, « apprend encore » à mettre des mots sur ses propres souffrances, vingt-cinq ans après.
« Encore plus difficile pour les familles » Après avoir donné les dernières nouvelles des otages français, les intervenants ont recentré le débat sur la reconstruction psychologique des otages. « Lorsqu’un homme est pris en otage, il met en place un mécanisme de défense physique et psychologique. À son retour, l’otage doit parler pour évacuer, mais pas trop, au risque de réactiver ce mécanisme de défense », explique le psychologue Jacques Benesse. Pierre Camatte souligne l’importance de l’accompagnement familial, « pour évacuer ses émotions et sa culpabilité d’avoir fait souffrir ses proches ». « C’est parfois encore plus difficile pour les familles », abonde Jean-Louis Normandin, qui demande la création d’un statut juridique pour les otages. « C’est différent de la prison, c’est une véritable atteinte à la dignité humaine ». ¨
Mathieu Pélicart