Alors que rien ne permet d’espérer des libérations imminentes des otages français au Sahel, Ingrid Betancourt est venue hier soutenir les familles.
Neuf Français sont actuellement retenus en otage à l’étranger. Denis Allex, agent de la DGSE, a été enlevé en Somalie le 14 juillet 2009. Daniel Larribe, Marc Feret, Thierry Dol et Pierre Legrand, employés d’Areva, se trouvent aux mains d’Aqmi, quelque part dans le désert, depuis le 16 septembre 2010. C’est aussi le cas de Philippe Verdon et Serge Lazarevic, géologues kidnappés le 24 novembre 2011. A ceux-là, il faut ajouter Rodolfo Cazares, un musicien enlevé au Mexique le 9 juillet 2011. Malgré le versement d’une rançon de 100 000 dollars, payée par sa famille, il n’a pas été libéré par le cartel qui le retient. Gilberto Rodriguez, enlevé lui aussi par Aqmi, est l’otage le plus récent, disparu le 20 novembre 2012.
Un dixième vient compléter la liste noire : le journaliste Guy-André Kieffer, capturé le 16 avril 2004 à Abidjan. Sa famille, sans nouvelle depuis, veut encore espérer.
Les anciens otages Ingrid Betancourt et Jean-Louis Normandin ainsi que Joëlle Kauffmann, épouse de l’ex-otage Jean-Paul Kauffmann, étaient ce vendredi à la mairie de Paris pour une conférence destinée tout à la fois à soutenir les familles et à se battre contre l’oubli, ennemi numéro un des otages.
L’appel à François Hollande
Ingrid Betancourt, ex-otage des Farc en Colombie, l’explique avec émotion. « Il faut parler, casser le silence, malgré les pressions », proclame-t-elle. « Il faut combattre l’oubli, toucher les curs. » Joëlle Kauffmann interpelle vivement le gouvernement. « Il faut les faire sortir. C’est inadmissible qu’on n’ait pas fait ce qu’il fallait pour les faire revenir. Il y a des solutions ! Il est temps que nous devenions plus agressifs avec le gouvernement ».
Les familles des otages n’ont pas la moindre information malgré leurs contacts avec le Quai d’Orsay. C’est le brouillard total. Jean-Pierre Verdon, père de Philippe Verdon, en appelle au président de la République. « On nous dit que tout est mis en uvre. Mais, dans la réalité, il ne se passe rien », résume-t-il. « Nous avons rencontré François Hollande le 15 octobre. Il nous a dit qu’il faisait du dossier des otages une affaire personnelle. Monsieur le Président, vous nous avez donné de l’espoir. Nous aimerions maintenant que cet espoir se transforme en réalité ».
Au moment même où la réunion se tenait, une branche d’Aqmi, via son compte twitter, indiquait : « Les otages européens sont répartis entre Tessalit, Tinzauten, Kidal et Gao ». Si loin, au milieu de nulle part, mais à portée de tweet.