OTAGES LYBIE : L’un des avocats des infirmières bulgares défendra les deux Suisses
AFFAIRE KADHAFI | Emmanuel Altit sera associé à la défense de nos deux compatriotes Max Göldi et Rachid Hamdani, retenus en Libye depuis près de 540 jours. Un soutien de poids, lui qui a déjà uvré pour la libération des infirmières bulgares.
© Eyedea Presse/28 juillet 2007 | Me Emmanuel Altit (à dr.), l’avocat qui avait défendu les infirmières bulgares (au centre) en compagnie de Me Stéphane Zerbib (à g.), va représenter les otages suisses.
L’avocat parisien Emmanuel Altit a été constitué comme défenseur des deux otages suisses. Celui qui avait défendu les infirmières bulgares et le médecin palestinien (voir ci-dessous) tentera de rendre la liberté à l’employé d’ABB Max Göldi et à l’ingénieur Rachid Hamdani, retenus contre leur gré en Libye depuis juillet 2008.
Ce pourrait bien être un tournant dans une affaire qui s’enlise. Aux espoirs déçus de retour ont succédé les reports des procès. Plusieurs sources attestent ce rebondissement. Joint par téléphone, Me Emmanuel Altit se refuse pour l’heure à confirmer ou à infirmer la nouvelle. Du côté d’ABB, « on ne commente pas des procédures en cours ». Idem au Département fédéral des affaires étrangères (DFAE).
Il est fort probable que l’homme de loi à la longue expérience dans le monde arabo-musulman travaille de concert avec Salah Zahaf, l’avocat des deux otages à Tripoli. Les modalités de la collaboration ne sont toutefois pas encore connues.
Cascade de procès
Un expert occidental du système libyen ne sera pas de trop, alors que l’agenda judiciaire des deux résidents forcés de l’ambassade de Suisse se remplit.
Selon ABB, Max Göldi est convoqué dimanche pour un procès en appel. Il conteste les peines de seize mois de prison et de 1600 francs d’amende pour violation des règles sur les visas, prononcées à la fin du mois de novembre. Le 14 janvier, ce sera le tour de Rachid Hamdani. Le second procès, pour « activités économiques illégales », est prévu le 16 janvier pour Max Göldi et le lendemain pour Rachid Hamdani.
« Se montrer fort »
Qu’attendre de ce connaisseur ? Emmanuel Altit évoquait quelques pistes dans nos colonnes en décembre dernier : « Votre pays doit enfin adopter une stratégie offensive, prévoir une riposte à chaque coup asséné par le clan Kadhafi qui veut la victoire totale, celle symbolique du monde arabe sur l’Occident représenté par la Suisse. En se montrant fort, et pas faible comme jusqu’ici, le dénouement peut aller très vite. »
Concrètement, pour Me Altit, il faut notamment « jouer le jeu des tribunaux et mettre en avant les otages et leurs familles. Ils doivent devenir des protagonistes pour projeter une lumière sombre sur le régime. »
Une vision offensive partagée par Stéphane Zerbib, autre avocat des infirmières bulgares qui n’est pas mandaté dans l’affaire des deux Suisses. « Si vous êtes appréhendés par l’autre comme des faibles qui acceptent tout, affirmait-il hier dans nos colonnes, même une rencontre avec Muammar Kadhafi ne suffira pas. Vous ne serez pas respectés. Mais si vous montrez une capacité à résister, vous êtes craints et le rapport de force n’est plus le même. Vous ne devez pas être appréciés, mais respectés. »
Amateur de cas « délicats »
« Dans les geôles de Kadhafi. » Tel est le titre de l’ouvrage qu’Emmanuel Altit a publié en 2007. L’avocat international y décrit son principal fait d’armes : sa participation, avec d’autres hommes de loi, à la défense des cinq infirmières bulgares et d’un médecin palestinien emprisonnés en Libye en février 1999.
Condamnés à mort pour inoculation du virus du sida, ils ont pu quitter le pays en juillet 2007. Le retour dans l’avion présidentiel français, aux côtés de l’ancienne première dame Cécilia Sarkozy, a symbolisé la nature très politique du dénouement de cette crise.
Mais Emmanuel Altit s’est illustré dans d’autres dossiers de prises d’otages. Flanqué de Me Stéphane Zerbib, il avait été chargé par la famille du soldat israélien Gilad Shalit, enlevé en juin 2006 par le Hamas, de défendre les intérêts du militaire franco-israélien en France. De jouer la carte française en mobilisant notamment les élus et l’opinion publique. Une méthode similaire à celle appliquée lors du précédent des infirmières bulgares. Leur mandat est aujourd’hui terminé. Gilad Shalit n’a toujours pas été libéré.