OTAGES FRANCAIS : informations et actions de sensibilisation

DOCUMENTATION SUR LES OTAGES

(JPG) Mobilisation pour Guy-Andre Kieffer, journaliste français disparu en Côte d’Ivoire

(JPG) Michel Germaneau : otage français enlevé au Niger le 19 avril 2010

OTAGES AFGHANISTAN : HERVE GUESQUIERE ET STEPHANE TAPONNIIER, LIBRES !

LIBRES ! OTAGES NIGER - AREVA/VINCI - CAPTURES EN SEPTEMBRE 2010

8 mai 2011 - OTAGES SAHEL : la France redoute toujours Al Quaïda (JDD)

La France craint toujours Al-Qaïda

Peur des représailles et plongée dans l’inconnu pour les otages : après la mort d’Oussama Ben Laden, les experts tentent d’évaluer le risque.

1. Al-Qaïda et la France Après les États-Unis, la France est sans doute le pays le plus honni par Ben Laden, qui lui a consacré deux messages ces derniers mois, notamment pour exiger le départ des troupes françaises d’Afghanistan. Son possible successeur, numéro 2 d’Al-Qaida, l’Égyptien Ayman Al-Zawahiri, considère lui aussi la France comme une cible importante. "Il s’en est pris à la France à plusieurs reprises. Ses menaces portaient essentiellement sur le traitement des musulmans dans notre pays et sur le système laïque français : Zawahiri a une peur bleue que ce système contamine le monde musulman", observe Mathieu Guidère, professeur d’islamologie à Toulouse-II (1). "Il y a une équation personnelle de la part de Zawahiri à notre égard, ajoute Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences-Po (2). Il fait remonter tout ce qui va mal à Napoléon Bonaparte. L’irruption de valeurs telles que la démocratie ou les droits de l’homme est pour lui quelque chose qui attaque la pureté de l’islam."

2. Menace en hausse

Avec la mort de Ben Laden, "la menace est montée d’un cran" : depuis le début de la semaine, le patron du renseignement intérieur, Bernard Squarcini, le répète à longueur d’interviews. Déjà élevée - un pic a été enregistré à l’automne avec deux messages d’alerte lancés par les Américains sur le retour en Europe de djihadistes -, cette menace est pour l’instant endiguée par le dispositif français antiterroriste. Jusqu’à quand ? La France n’a plus été frappée sur son sol depuis seize ans. "Un succès extraordinaire, insiste le criminologue Alain Bauer (3), quand on sait qu’un millier de salafistes ou terroristes présumés sont actuellement incarcérés dans les prisons françaises." Surveillance des prêches dans les mosquées, des relations des détenus islamistes, coopération accrue avec les services étrangers pour pister les djihadistes de retour des zones de combat, veille Internet (les services du renseignement intérieur et du renseignement extérieur ont mutualisé leurs moyens dans ce domaine) : ce sont plusieurs centaines de policiers (analystes, traducteurs, techniciens...) qui détectent, traquent, écoutent candidats au djihad et terroristes potentiels.

C’est avant tout pour les intérêts français à l’étranger (ambassades, escales Air France...), particulièrement sur le continent africain, que les responsables policiers s’inquiètent. Même si la France n’était pas directement visée, huit touristes français sont morts dans l’attentat du 28 avril à Marrakech. Dans un communiqué, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a nié samedi toute implication. L’attentat serait le fait, isolé, d’un jeune Marocain qui avait tenté, en vain, de rejoindre les fronts tchétchène et irakien, et qui se serait résolu à livrer son "djihad personnel" en tuant des Occidentaux...

3. Le péril Aqmi

Le péril "Le message du 27 octobre 2010, dans lequel Ben Laden disait que l’enlèvement fait partie intégrante du djihad, donne une très grande valeur symbolique aux actions d’Aqmi, estime Mathieu Guidère. Sa mort maintient donc Aqmi dans l’héritage." Aqmi légitimée, mais Aqmi divisée. Et la disparition du chef emblématique d’Al-Qaïda a toutes les chances d’accroître ces rivalités intestines. Elles opposent notamment l’"émir" Abdelmalek Droukdal et le "chef de brigade" Abelhamid Abou Zeid, qui détient toujours quatre otages français ainsi qu’une Italienne ; lui-même est en concurrence avec une autre figure d’Aqmi, Mokhtar Benmokhtar.

Le péril représenté par Aqmi pourrait d’autre part être accentué par une conséquence collatérale de la guerre en Libye : des stocks d’armes pillés dans des arsenaux de l’est du pays à la faveur de l’insurrection auraient rejoint les katibas (camps) de l’organisation terroriste. Parmi ces armes, des lance-grenades, des fusils d’assaut, des explosifs et des munitions, mais aussi, selon les services de sécurité algériens, des missiles sol-air...

4. Incertitude pour les otages

La disparition de Ben Laden devrait avoir peu d’incidences sur le sort d’Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, dont le cap des 500 jours de détention en Afghanistan sera franchi vendredi : les talibans afghans qui les retiennent en otages n’ont pratiquement plus de liens avec Al-Qaïda. La situation est différente pour les quatre Français enlevés en septembre 2010 à Arlit, dans le nord du Niger, et toujours détenus par Aqmi. Ben Laden ayant repris à son compte cette action, quelles conséquences peut entraîner sa disparition ? Les avis divergent, selon les experts. Si certains redoutent une action de représailles contre les otages, d’autres envisagent au contraire une simplification des négociations qui se trouveraient allégées de leur volet "politique". Troisième option, un statu quo avec les "conditions claires" fixées par les ravisseurs : le départ des troupes françaises d’Afghanistan.

(1) Le Choc des révolutions arabes (Autrement) (2) La Véritable Histoire d’Al-Qaida (Pluriel) (3) L’Énigme Al-Qaida (JC Lattès)