Otages au Niger : le rassemblement de soutien forme un chiffre « 1 000 » à Nantes
Samedi matin, la famille, les amis de Pierre Legrand, otage au Niger, et plusieurs centaines d’anonymes ont formé le chiffre « 1 000 », sur le cours Saint-André, à Nantes, pour symboliser les 1 000 jours de captivité.
Franck Dubray
oilà 1010 jours précisément que quatre Français sont otages au Niger. Ils sont détenus par Al-Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi). Parmi eux, Pierre Legrand, originaire de Couffé (Loire-Atlantique).
Ce samedi matin, sept rassemblements de soutien étaient organisés en France, par les familles. À Nantes, plusieurs centaines de personnes ont formé le chiffre « 1 000 » sur le cours Saint-André.
Les amis de Pierre ont exprimé leur « douleur au fond des tripes. Nous n’accepterons jamais, jamais, l’inacceptable silence que l’on t’impose. Où es-tu Pierre ? » Marion, sa compagne, a défié les larmes pour parler : « Certains ont choisi nos vies pour faire entendre leurs idées. Depuis trois ans, je fais du surplace. Je parle du passé, car le futur est impossible à imaginer. On ne lâche pas la main de quelqu’un qui se noie, on la sert fort. Alors, s’il vous plaît, continuez à être présent ! »
Malgré la fatigue, René Robert, le grand-père, est toujours combatif : « Nous n’oublions pas les tromperies, les mensonges auxquels nous avons voulu croire pour ne pas gêner les négociations. Nous sommes à bout. Mais le silence, c’est fini. Nous sommes indignés mais pas résignés. Nous sommes ici pour nous révolter. Nous n’attendons qu’une seule preuve de la vie des otages, c’est leur retour. »
Des réactions à la plainte
Vendredi, Alain et Clément Legrand, le père et le frère de Pierre, ont porté plainte pour enlèvement et séquestration, ainsi que mise en danger de la vie d’autrui. Cette plainte contre X vise de possibles manquements à la sécurité d’Areva et d’une filiale de Vinci, Sogea-Satom, employeur de Pierre Legrand. René Robert a réagi à cette initiative : « Je n’aurais pas fait cette démarche, mais je comprends leur douleur. Pour moi, la priorité des priorités n’est pas aujourd’hui de connaître les causes de l’enlèvement, mais de mettre fin à cet enlèvement. »
Au rassemblement parisien, Frédéric Cauhapé, beau-frère de Marc Féret, également otage, n’a pas condamné cette plainte, mais a expliqué que « les familles sont mobilisées uniquement pour ramener les otages », ajoutant : « Chaque chose en son temps, on verra plus tard pour établir les responsabilités. »
« Des intérêts privés bloquent »
Au sujet des tentatives de libération des otages, René Robert affirme qu’« il existe des possibilités d’entrer en contact avec les ravisseurs. Mais ces opportunités ne sont pas saisies. Des contacts ont été gênés et empêchés par des intérêts privés ». Il refuse de préciser quels sont ces « intérêts privés », précisant qu’il ne vise pas les employeurs des otages.
René Robert assure qu’« il est possible d’obtenir leur libération sans délai. Les familles font le choix de mandater la filière des sociétés ».
Une implication plus forte du Président de la République est aussi réclamée : « Qu’il arrête d’écouter ses conseillers. Qu’il arrête de laisser croire que l’intérêt de l’État est de garder les otages plus longtemps. Les otages n’ont plus le temps d’attendre. Il faut agir vite si on veut les revoir vivants. Le Président peut le faire, doit le faire. » Les familles des otages seront reçues à l’Élysée le 4 juillet.
Christophe JAUNET